Au début de leur vie active, les jeunes générations ont subi la crise de Covid de plein fouet, rebattant les cartes sur les débouchés et les opportunités possibles ainsi que, parallèlement, sur leurs aspirations en matière de vie professionnelle.

Pour faire le point sur ces nouvelles attentes, Indeed et Le Parisien Eco ont mené une étude avec OpinionWay, visant à comprendre et analyser les profonds changements de perception des jeunes de leur avenir professionnel.  

Cette étude révèle quelques grands enseignements  

La crise sanitaire a bouleversé les carrières professionnelles. S’ils ne souhaitent pas renoncer  complètement au monde du travail, les jeunes veulent en revanche le réformer entièrement afin de préserver leur équilibre vie professionnelle – vie privée et d'avoir du temps pour eux. 

Les jeunes, et particulièrement les étudiants, envisagent une carrière mouvante entre salariat,  indépendance et pauses professionnelles. La sécurité de l’emploi, incarnée par le fait de conserver le même emploi dans la même entreprise toute sa vie, ne fait plus rêver les jeunes. 

La montée en responsabilités au sein de l’entreprise n’est plus un objectif absolu. Les jeunes  souhaitent avant tout de la liberté tant dans leur vie professionnelle (changer de métier, choisir  ses horaires et ses jours de repos…) que dans leur vie privée (équilibre vie professionnelle – vie  privée, pauses professionnelles…).

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Sondage OpinionWay pour Le Parisien Eco & Indeed

Cette étude a été réalisée en septembre 2022 auprès d’un échantillon de 1 051 jeunes de 18 à 30 ans, représentatif de la population française et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. 

La crise sanitaire a bouleversé le rapport au travail de 3 jeunes actifs sur 4  

Après plus de deux ans et demi de pandémie, la perception du monde du travail par les jeunes a connu de grands bouleversements. Grande démission, quiet quitting, télétravail à 100% ou encore « tracances » de nombreuses tendances émergent depuis le depuis de la crise sanitaire. Dès lors, comment les jeunes s’approprient-ils le monde professionnel et qu’en attendent-ils désormais ? 

Les jeunes âgés de 18 à 30 déjà entrés sur le marché du travail – soit les deux tiers de cette population (64 %) – estiment que la crise sanitaire a eu des conséquences majeures sur leurs aspirations professionnelles.

Pour 74 % des jeunes, la crise a suscité des envies de changements professionnels.

En tête des souhaits d’ajustements des jeunes, l’envie d’un meilleur équilibre vie professionnelle – vie privée afin d’avoir plus de temps pour soi (28 %). Dans cette même logique favorisant un plus grand temps dédié à la sphère privée, le désir de passer au 100% télétravail est le deuxième effet de la crise le plus cité (13 %). A cet égard, notons que 23% des jeunes considèrent le travail en présentiel comme « dépassé ». En troisième position, 11 % évoquent une envie de se former. D’autres envies ont aussi vu le jour en réaction à la pandémie, notamment celle de changer complètement de situation professionnelle (22 %) : se reconvertir est la plus courante (10 %, en quatrième position au total). 

A l’inverse, alors que la période actuelle marquée par l’incertitude, un quart des jeunes actifs déclarent que les deux années et demie écoulées depuis le début de la pandémie leur ont plutôt donné envie de préserver leur situation actuelle. 

Le contexte de la crise du Covid-19 a surtout donné envie de... ?
Mieux équilibrer vie professionnelle et vie personnelle28 %
Passer en télétravail à 100%13 %
Se former11 %
Se reconvertir10 %
Faire une pause dans la carrière6 %
Démissionner6 %
Préserver sa situation actuelle25 %
  • Plus expérimentés et plus susceptibles d’avoir déjà une famille, les jeunes âgés de 28 à 30 ans sont particulièrement nombreux à citer l’amélioration de l’équilibre vie professionnelle – vie privée (36 % vs 24 % pour ceux âgés de 18 à 22 ans).  
  • Les salariés du public attribuent plus souvent à la crise une envie de se former (17 %) que les indépendants (11 %) ou encore les salariés du privé (8 %). 
  • Les interviewés les moins diplômés, souvent plus précaires, ont davantage exprimé le souhait de maintenir leur situation actuelle (29 %), probablement par crainte qu’elle n’empire étant donné le contexte économique. 

Tiraillés entre pragmatisme et valeurs, les jeunes veulent un emploi sur mesure 

Plus largement, les jeunes - qu’ils travaillent déjà ou non - ont un rapport au monde qui diffère de celui de leurs aînés. Leurs attentes en matière d’action environnementale en sont la preuve.

80 % des jeunes jugent important voire prioritaire qu’un employeur affiche de forts engagements environnementaux et sociétaux.

Si ces attentes restent fortes, au moment de candidater à un poste, les jeunes regardent le salaire d'abord ! Ainsi, loin d'être idéalistes, ils sont plutôt rattrapés par la réalité prosaïque de la fonction première d’un emploi, renforcée en outre par le contexte inflationniste : gagner sa vie. Ainsi, la rémunération reste le premier critère vérifié par les jeunes avant de rejoindre une entreprise (59%). La question financière réglée, les jeunes insistent sur les enjeux de qualité de vie au travail : la flexibilité (cité par 37% des répondants), la garantie d’un bon équilibre vie professionnelle – vie personnelle (36%) et l’environnement de travail (37%).  

Avant de rejoindre une entreprise, que vérifiez-vous ?En premierAu total
(3 réponses possibles)
La rémunération25 %59 %
L'environnement de travail12 %37 %
Les garanties en termes de flexibilité10 %37 %
L'équilibre vie professionnelle - vie personnelle15 %36 %
L'intérêt et le sens des tâches et des missions15 %32 %
La culture d'entreprise8 %24 %
Les avantages et services7 %24 %
Les engagements sociaux et environnementaux8 %22 %
  • Conscientes des inégalités salariales qui perdurent1, les jeunes femmes sont plus attentives à  la rémunération proposée que leurs homologues masculins (63% contre 56%). 
  • Les jeunes travaillant actuellement à leur compte accordent davantage d’importance aux garanties offertes par l’entreprise en termes de flexibilité (46% contre 42% pour la rémunération). 

D’autres critères de choix de son potentiel futur employeur, pourtant perçus comme emblématiques des intérêts des plus jeunes, apparaissent également secondaires par rapport à la rémunération. Les millenials font preuve de pragmatisme face au coût de la vie qui augmente. Le sens des missions proposées n’est cité que par moins d’un tiers des personnes interrogées (32%). De même, la culture d’entreprise et les avantages proposés ne sont évoqués que par un interviewé sur quatre (24% pour chacun des deux critères). In fine, les engagements que l’entreprise affiche, notamment en faveur de l’environnement, arrivent en dernière position de ce classement (22%). Ainsi, les jeunes actifs et étudiants en passe d’entrer dans la vie active  sont avant tout en quête d’actions concrètes de la part des entreprises en faveur de leur bien-être (via la rémunération et l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle), avant même des garanties sur leur éthique. 

  • L’intérêt et le sens des missions peut être assimilé à un luxe auxquels tous ne peuvent prétendre : si 39% des plus diplômés vérifient en priorité ce point, ce n’est le cas que de 29% des jeunes ayant à ce jour un diplôme inférieur au bac +3. 

Le rapport au temps du travail a été manifestement métamorphosé depuis la crise sanitaire. Si la flexibilité et l’équilibre vie professionnelle-personnelle ne sont pas le premier critère de choix au moment de postuler, ils figurent en bonne position dans les priorités des jeunes. Il émerge très nettement parmi eux un besoin de liberté d’organisation de leur temps de travail.

53 % des jeunes plébiscitent la semaine de 4 jours.

Ainsi, si une majorité de jeunes (53 % au total, et 61 % chez les femmes) érige la semaine de 4 jours comme un idéal, cela ne présuppose en rien qu’elle devrait ne s’appliquer que du lundi au vendredi : près de trois quarts des jeunes (72%) se déclarent prêts à travailler le week-end et placer leurs jours de repos à un autre moment de la semaine. Attachés toutefois à garder un rythme compatible avec celui de leurs proches, 42% d’entre eux préfèreraient ne travailler que le samedi ou que le dimanche. Un interdit plus fort persiste concernant le travail dominical néanmoins : seuls 11% seraient prêts à ne travailler que le dimanche contre 31% uniquement le samedi.  

Revendiquant le droit à une certaine souplesse, les jeunes admettent pour la majorité d’entre eux (53%) qu’ils préfèreraient également un métier sans horaires établis leur permettant de travailler quand ils le souhaitent, quitte à devoir parfois s’imposer des sessions de travail nocturne. Si respecter des horaires est jugé « dépassé » par un jeune sur quatre (23%), la préférence pour les horaires fixes n’est pas uniquement le fait de marginaux, 43% des jeunes privilégieraient cette option plus sécurisante. 

  • Les jeunes encore étudiants, dont les devoirs et révisions occupent leurs samedis et dimanches, se montrent plus disposés à travailler le week-end : 80% seraient prêts à déconstruire leur schéma de travail en ce sens, et même 38% ne s’opposeraient pas à travailler le samedi et le dimanche (vs 65% et 26% parmi ceux actuellement en recherche d’emploi). 
  • Plus d’un tiers des célibataires sans enfants (34%) seraient prêts à travailler le samedi et le dimanche (contre 30% en moyenne et 20% des personnes en couple et parents d’enfants). 

Une carrière mouvante, que ce soit en termes de métiers, entreprises ou encore statuts 

La crise sanitaire a eu pour effet d’inciter nombre de Français à se lancer dans l’entrepreneuriat : avec 995 900 créations en 2021, le nombre de créations d'entreprises en France a atteint un nouveau record (+17% vs 2020)2.

51 % des jeunes souhaitent un jour se mettre à leur compte.

Les situations mixtes, en combiné ou en alterné, entre salariat et indépendance, se développent. Le slashing, c’est-à-dire le cumul d’au moins deux activités professionnelles, et le job hopping, soit le fait de rester moins de 18 mois dans une entreprise, séduisent une part significatives des interviewés (respectivement 29% et 14%). 

  • Les étudiants, qui ne connaissent pas ou peu le monde de l’entreprise, sont les plus nombreux à souhaiter travailler en indépendant un jour dans leur carrière (60 %).  
  • Certes, les jeunes travaillant aujourd’hui comme employés ou ouvriers affichent un intérêt moindre pour l’entrepreneuriat (respectivement 43 % et 40 %). Mais près de deux tiers des cadres (64 %) envisagent de franchir ce cap un jour. A l’inverse, les jeunes travaillant aujourd’hui à leur compte sont également 64 % à imaginer expérimenter le salariat à l’avenir. 
  • Le slashing intéresse avant tout les catégories socio-professionnelles supérieures (37 %) et  les jeunes travaillant déjà à leur compte (48 %). 

Les jeunes confirment leur attrait pour des carrières moins conventionnelles en déclarant en priorité vouloir exercer différents emplois dans différentes entreprises (27 %) tandis que 26 % privilégient le changement d’entreprise tout en conservant le même métier. Néanmoins, la perspective d’exercer le même emploi dans la même entreprise pendant toute sa carrière intéresse toujours 23 % des jeunes. Polyvalents, 22% des interviewés souhaiteraient rester dans leur entreprise mais y pratiquer différentes fonctions. 

  • L’envie d’exercer différents emplois dans différentes entreprises est particulièrement marquée  chez les étudiants, avides de découvertes (31 %). Tandis que les actifs, plus partagés, envisagent plutôt de conserver le même emploi mais en changeant d’entreprise (27 %).  
  • Les actifs souhaitent principalement conserver le même emploi, toutefois on remarque des  disparités selon la catégorie socio-professionnelle. Les jeunes appartenant aux catégories socio-professionnelles aisées s’identifient plutôt à une carrière au cours de laquelle ils  conserveraient le même emploi mais en changeant d’entreprise (33 %) tandis que les ouvriers se voient plutôt effectuer le même métier toute leur vie dans la même entreprise (35 %). 

De manière plus générale, exercer le même métier pendant 10 ans, tout comme rester dans la  même entreprise pendant 10 ans sont des pratiques perçues comme « dépassées » par de nombreux jeunes (28 % dans les deux cas). Être ainsi statique dans sa carrière appartient au monde d’avant, au même titre qu’avoir un chef à qui rendre des comptes (27 %). 

Refusant un certain classicisme dans leur carrière, les jeunes actifs et futurs actifs de l’ère Macron ne se revendiquent pourtant pas de la start-up nation : seuls 7% d’entre eux déclarent qu’ils aimeraient idéalement faire leurs preuves dans une start-up. Les Gafa n’attirent pas plus (8 %). Les garanties en matière de sécurité de l’emploi offertes par le public (11 %) et les valeurs des associations et ONG (7%) ne suscitent guère plus d’enthousiasme. Finalement, ce sont les PME (17 %) et les grandes entreprises (16%) qui incarnent le mieux l’idéal des jeunes en matière d’entreprise. 

Idéalement, dans quel type d'entreprise souhaiteriez-vous travailler ?
Une PME (entre 20 et 250 salariés)17 %
Une grande entreprise (250 salariés et plus)16 %
Une TPE (moins de 20 salariés)11 %
Un organisme ou une institution publique11 %
Une GAFA (Google / Apple / Facebook / Amazon)8 %
Une start-up7 %
Une association, une ONG7 %
Une entreprise du CAC405 %
Aucun, l'idéal serait d'être son propre patron18 %

Des priorités de carrière en-dehors des standards  

Avoir un supérieur à qui rendre des comptes apparait désormais dérisoire pour nombre de jeunes. Pour autant, ils ne refusent pas une ascension professionnelle. Prendre des responsabilités en entreprise est plutôt une source d'épanouissement, mais pas forcément le graal. Pour un quart des interviewés (24%), monter dans la hiérarchie est même perçu comme davantage source de contraintes que d’épanouissement. 

  • Les jeunes âgés de 28 à 30 ans sont les premiers à dresser le constat qu’une montée en responsabilités signifie avant tout davantage de contraintes (32 %).

Reléguant le travail au second plan, 44 % des jeunes souhaiteraient même pouvoir passer à un CDI à mi-temps afin de consacrer encore plus de temps à leurs projets personnels ou à leurs proches. 

Moins privilégier sa carrière au profit de sa vie personnelle est le maître mot des jeunes aujourd’hui. Le fait de faire des pauses dans une carrière professionnelle n’est plus un tabou.

91 % des jeunes pourraient envisager une pause dans leur carrière.

Désirant préserver leur équilibre professionnel-personnel, s'octroyer du temps pour eux et leurs proches, les jeunes imaginent que cette pause professionnelle leur permettrait avant tout de s'éloigner – en voyageant (36 %) – mais aussi de se recentrer – en se dédiant à leur vie de famille (30 %).  

  • Les plus jeunes, âgés de 18 à 22 ans, citent en priorité leur envie de voyager (39%) tandis que les futurs ou récents jeunes trentenaires, âgés de 28 à 30 ans, désirent davantage se consacrer à leur vie de famille (36%).

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1 Source : données INSEE, 3 mars 2022 (lien)

2 Source : données INSEE (lien)