L’année 2023 touche à sa fin, l’heure est au bilan et aux nouvelles perspectives pour l’année qui se profile. Pour ce faire, Indeed a réalisé un rapport sur les tendances en matière d'embauche en 2024. Plusieurs points devront entrer en compte dans les stratégies des entreprises. 

4 tendances d'embauche en 2024 

D’après Alexandre Judes, économiste chargé de la France au sein du Hiring Lab, quatre tendances majeures se dégagent pour l’année 2024 : un ralentissement de la demande de travail, une offre de travail peu adaptée à cette demande, des salaires réels qui continuent de croître, et une baisse de la productivité. « En économie, c’est assez classique, on observe l’offre, la demande et les salaires, pour comprendre quel sera l’équilibre entre les deux à long terme », précise l’expert. 

Ralentissement de la demande de travail

La demande de travail ralentit dans le monde entier. Sur Indeed, depuis début 2022, le volume d'offres ne cesse de baisser aux États-Unis (- 25 %), au Royaume-Uni (- 23 %), et en Allemagne (- 14 %). Du côté de la France, il fait de la résistance, mais il s'effrite tout de même avec - 6 %. Toujours dans l’Hexagone, les créations d’emploi ont été faibles au troisième trimestre 2023 (36 600 dans le secteur privé). « Cette demande de travail continuera de baisser en France », affirme Alexandre Judes. 

Inadéquation entre l’offre et la demande 

La demande de travail doit être mise en regard avec l’offre de travail. En France, cette dernière reste importante, mais elle s’avère peu adaptée à la demande des entreprises. La France affiche en effet un chômage structurel très élevé. Cette faible adéquation entre l’offre et la demande résulte de plusieurs facteurs, comme le fait que les chômeurs n’ont pas toujours les compétences requises. 

Par ailleurs, le rapport soulève un autre point intéressant : le nombre de personnes dans le halo ne baisse pas. D'après la définition de l’Insee, le halo dans le chômage correspond aux personnes sans emploi qui souhaitent travailler mais qui :

  • soit ne sont pas disponibles dans les deux semaines pour prendre un emploi,
  • soit n’ont pas effectué de démarche active de recherche d’emploi dans le mois précédent.

Au troisième trimestre 2023, le chômage en France atteignait les 2,3 millions de personnes, selon les chiffres officiels. Globalement, il est en baisse depuis 2015, cependant de son côté, le halo, lui, ne baisse pas. Il compte 2 millions de personnes sans emploi également, qui ne sont pas prises en compte dans les chiffres officiels du chômage. Parmi elles, « on compte des chômeurs démotivés ayant abandonné leurs recherches ».

En France, la population active continue de progresser. D’après les projections de population active de l’Insee, elle commencerait à diminuer à partir de 2036. D’ici là, la population vieillit. La réforme des retraites pose la question de l’emploi des seniors, puisqu’il sera plus difficile pour les entreprises de recruter des jeunes sur le marché du travail. Ces derniers sont souvent préférés à des profils plus expérimentés en raison du salaire moins élevé. . Les entreprises devront toutefois s’adapter et repenser leur façon de recruter et de former. 

Augmentation des salaires réels 

L’ajustement entre l’offre et la demande passe en partie par les salaires. Face à un marché du travail tendu pour certains secteurs, et l’inflation, les salaires augmentent. Ils s’avèrent assez dynamiques puisque les hausses sont de 5 % à un rythme annuel. « Face à une motivation moyenne des candidats, une crise du pouvoir d’achat, il y a une pression à la hausse. C’est le salaire réel qui compte, et non le salaire nominal, il affecte évidemment la disponibilité des candidats, leurs préférences de postes et leur arbitrage entre le travail et les loisirs » explique Alexandre Judes. La tendance à la transparence salariale a été accélérée par la pandémie. 

Baisse de la productivité réelle 

La productivité du travail a beaucoup baissé en France. Le volume d’emploi a augmenté d'environ 6 %, mais la production n’a augmenté que de 1,7 %. D’après les calculs de la Banque de France, la valeur ajoutée par emploi, qui mesure la productivité, a chuté de 3,2 % dans l'Hexagone entre 2019 et 2022 en moyenne annuelle. Au vu des récentes vagues de recrutement, certaines entreprises se retrouvent peut-être avec plus de collaborateurs que nécessaire. 

« Les salaires tendent à suivre la productivité. Actuellement, nous observons des salaires qui augmentent rapidement afin que les actifs maintiennent dans une certaine mesure leur pouvoir d'achat. Face à la baisse de la productivité, cette augmentation salariale n'est pas tenable durablement. Intuitivement, plus un salarié est productif, plus il est en droit de réclamer un salaire élevé sur le marché du travail », précise notre économiste.

Selon lui, les entreprises se montreront extrêmement attentives au recrutement qu'elles effectueront lors des prochains trimestres, voire des prochaines années, pour restaurer leurs marges et cette productivité. L’utilisation d’outils d’intelligence artificielle (IA) serait une solution pour s’organiser différemment. Malheureusement, les compétences en IA ne semblent pas se diffuser rapidement dans les offres d’emploi en France.  

Recommandations pour 2024 

Outre l’utilisation de l’IA, les entreprises peuvent étudier d’autres axes à mettre en place. Pour s’adapter, l’idéal serait « que les entreprises restent à l’écoute de leur marché », affirme Alexandre Judes. 

Mieux recruter 

Face au problème de la productivité du travail, notamment dans certains secteurs, les entreprises se doivent de mieux recruter. Tout d’abord, le marché s’avère tendu dans celui des services à la personne, donc le choix de candidats est réduit. Toutefois, dans la finance ou le marketing, le marché reste tendu, mais les secteurs ne connaissent pas de pénurie de main-d'œuvre. Alors, l’objectif serait de recruter des personnes plus productives. 

Miser sur le télétravail 

Notre rapport soulève une autre recommandation : rester flexible et non dogmatique sur la question du télétravail. Des avantages non monétaires peuvent être utilisés par les employeurs pour compenser la pression sur les salaires et peser dans la balance des candidats. 

En France, par exemple, 8 % des offres d’emploi sur Indeed mentionnent la possibilité de télétravailler. Ce chiffre s’avère inférieur aux chiffres allemand et britannique, qui oscillent autour de 15 %. Il existe une réticence propre à la France, mais cet aspect a un impact sur la motivation des candidats. Le télétravail est vu comme une variable de flexibilité, une possibilité de s’organiser appréciable pour les travailleurs. 

En raison des quatre tendances majeures en 2024, le recrutement évoluera en France dans les prochains mois. Le ralentissement de la demande de travail, l’offre de travail peu adaptée à cette demande, des salaires réels qui continuent tout de même de croître, malgré une baisse de la productivité, ont des conséquences notables pour les entreprises. Elles devront mettre en place de nouvelles organisations et utiliser de nouveaux outils pour tirer leur épingle du jeu.

 Rendez-vous sur le Hiring Lab pour lire le rapport complet