La transidentité est un sujet d’actualité dans le monde du travail. Si les entreprises ont bel et bien conscience de l'importance d'intégrer les personnes trans, elles risquent de se faire accuser de « transwashing » si les efforts ne sont pas sincères et réels. À travers l'étude « Inclusivité et transidentité en entreprise » réalisée en août 2023 en partenariat avec OpinionWay, nous mettons en lumière les attentes, la perception et la réalité sur le marché du travail actuel, autant du point de vue des salariés cherchant un nouvel emploi que des salariés participant au recrutement. Découvrez les actions de sensibilisation menées par les entreprises en la matière.
Transidentité au travail : inclusion vs discrimination
Les entreprises jouent aujourd’hui un rôle majeur dans l’intégration des personnes trans. En effet, la grande majorité du personnel recruteur (79 %) estime que le discours de l'employeur sur l’inclusivité compte pour les personnes rencontrées en entretien. Parmi ces dernières, elles sont 75 % à confirmer y être sensibles.
Même si le sujet s’avère important, des discriminations persistent au sein des entreprises. 80 % du personnel recruteur et 87 % des chercheurs d’emploi estiment qu’en France, le fait d’être ouvertement trans reste encore souvent un obstacle à l’embauche. Une entreprise accueillante n'exclut pas la possibilité de comportements hostiles une fois la personne embauchée.
74 % du personnel recruteur et 80 % des chercheurs d’emploi affirment que les personnes trans ou en cours de transition subissent encore des actes de violence et de harcèlement de la part de leurs collègues. Ils sont 69 % côté recruteurs et 76 % côté candidats à indiquer que cette attitude provient de la hiérarchie elle-même.
De ce fait, le sentiment général est qu'il reste difficile de révéler sa transidentité au travail ou son désir de vouloir entamer une transition. Même aujourd'hui, la transidentité est perçue comme un sujet tabou dans les entreprises. Les personnes concernées adoptent une stratégie pour se protéger.
Intégrer les personnes trans : un atout pour les entreprises
Face à cette situation, les entreprises souhaitent changer la donne et montrent une volonté sincère d’inclusion. D’ailleurs, dans le processus de recrutement, communiquer sur l’intégration des personnes trans peut se révéler être un avantage. 74 % des chercheurs d’emploi considèrent que les entreprises ont compris qu’elles ont tout intérêt à le faire si elles ne veulent pas passer à côté de talents et 72 % des recruteurs partagent cette opinion.
Dans les faits, la majorité des personnes postulant à un emploi y sont bel et bien sensibles. Elles sont 65 % à affirmer que ce type de communication de la part d’une entreprise leur donne envie de s’intéresser à elle. Les recruteurs partagent ce constat. Ils estiment qu’une entreprise retient davantage l’attention des candidats en communiquant sur l’inclusivité et la transidentité.
En effet, aujourd’hui, la marque employeur joue un rôle majeur dans l’attractivité et la fidélisation des talents. Notre rapport de 2022 sur « L'impact de la marque employeur sur le recrutement et la rétention » analyse qu’une stratégie en ce sens se révèle payante. 60 % des personnes interrogées allèguent qu'une forte marque employeur augmente leur capacité à trouver des candidats de qualité. 59 % ajoutent même qu'elle améliore la réputation globale de leur entreprise.
Passer des discours à l’action
De nombreuses entreprises ont donc conscience de l’importance d’intégrer des personnes transgenres. Adopter une communication inclusive est une étape essentielle pour elles. 76 % des recruteurs affirment d’ailleurs que si leur entreprise communiquait ou communiquait davantage sur l’intégration des personnes trans, elle montrerait qu'elle est en phase avec son époque.
Pour que cette volonté d'inclusion soit sincère, les entreprises ne doivent pas seulement communiquer, mais aussi mettre en place des actions concrètes. Dans le cas contraire, elles risquent d’être accusées de « transwashing ». Ce terme désigne une critique adressée aux entreprises qui choisissent d'avoir une communication bienveillante à l'égard des personnes trans dans le seul but d’améliorer leur réputation. Un recruteur sur deux (57 %) considère que son entreprise pourrait être accusée de « transwashing » en communiquant sur la question. Quant aux candidats, deux sur trois (66 %) s’interrogent sur la sincérité de l’engagement des entreprises qui prennent la parole sur l’inclusion des personnes trans.
Pour contrer ce ressenti négatif, les employeurs se doivent de mettre en place plusieurs actions.
Sensibiliser
L’une des premières mesures à adopter reste la sensibilisation des tiers. Les recruteurs affirment qu’elle s’adresse aux managers et responsables RH (49 %) ou aux collaborateurs (47 %). L’objectif est de s’assurer que l’ensemble des collaborateurs comprennent les enjeux de la transidentité, à travers des réunions ou un guide sur le sujet, afin qu’ils aient toutes les cartes en main pour accueillir leurs collègues trans dans une atmosphère bienveillante.
Être à l’écoute
Outre la sensibilisation, les chercheurs d’emploi considèrent qu’il faut avant tout se soucier des personnes concernées. Pour ce faire, il est essentiel de demander leurs préférences pour mieux se sentir au sein de l’entreprise. Par exemple, cela passe par la mise en place de bonnes pratiques avant l'intégration. 44 % du personnel recruteur estime qu’il est essentiel de demander quels prénom et pronom (« il/elle/iel ») utiliser pour parler à la nouvelle recrue, lesquels afficher dans son adresse email, sa fiche de paie ou l’organigramme.
Sanctionner
L’intégration des personnes trans requiert aussi une tolérance zéro vis-à-vis des violences. 49 % des chercheurs d’emploi attendent la mise en place de sanctions en interne en cas d’actes de transphobie. Cette mesure leur semble aussi importante que la sensibilisation des managers et responsables RH (49 %) et un peu plus que la sensibilisation des collaborateurs (45 %). Les sanctions permettent d’éduquer le collectif.
Montrer son soutien
Enfin, l’une des actions indispensables reste de montrer son soutien aux personnes trans. Ce soutien est conditionné par la mise en place de plusieurs mesures. 33 % des recruteurs et 29 % des chercheurs d’emploi donneraient la priorité à un accompagnement concret aux parcours de transition avec, par exemple, des jours de congés accordés pour des rendez-vous médicaux. Plusieurs citent la volonté d’avoir des référents en interne sur les questions de transidentité, et d’autres souhaiteraient le financement d’un accompagnement par un avocat spécialisé dans les dossiers de transition.
Les entreprises comme les recruteurs ont leur rôle à jouer en matière d’intégration. Elles doivent montrer une volonté sincère d'inclusion en mettant en place plusieurs actions, sans risquer d’être accusées de « transwashing » hypocrite. L’impact des actions des entreprises serait majeur pour faire avancer le changement des mentalités à l’égard des personnes trans dans le monde professionnel.