La pratique du ghosting, couramment observée sur les sites de rencontres, est devenue monnaie courante dans le secteur du recrutement, aussi bien du côté des candidats que des recruteurs. Elle consiste à rompre brusquement toute communication sans donner d'explication, laissant ainsi l'interlocuteur sans réponse. Bien que ce comportement manque de respect, il n'est pas rare : 57 % des recruteurs et candidats affirment avoir déjà pratiqué le ghosting en recrutement, selon une étude récente menée par Indeed en collaboration avec OpinionWay. Voici d'autres indicateurs sur ce phénomène.

Silence radio côté candidat

Les responsables RH redoutent cette situation. Après un premier échange, ou parfois même après plusieurs entretiens, le candidat disparaît : plus de nouvelles, les appels restent sans réponse, de même pour les mails. Cela représente une véritable perte de temps, d'argent et d'énergie, qui auraient pu être consacrés à d'autres postulants. 

Cela est d'autant plus éprouvant que le ghosting est particulièrement courant dans les domaines et secteurs où les entreprises peinent à recruter, tels que les métiers liés au développement web et à la data science. Pourquoi ce silence de la part des candidats dans ces secteurs en pleine croissance ? Dans le cas des métiers en tension, cela peut découler de l'embarras du choix pour les chercheurs d'emploi, qui passent parfois plusieurs entretiens par semaine et sont sollicités en continu par les recruteurs. 

Des conséquences pour les candidats

Les dégâts ne concernent pas uniquement les recruteurs, au contraire. « Le “savoir-être” et les “soft skills” ayant une importance considérable dans le recrutement, nous alertons les chercheurs d’emploi sur le potentiel impact du ghosting sur leur carrière, même dans un marché de l’emploi qui leur est actuellement très favorable », explique Éric Gras, Spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed en France.

En fin de compte, le ghosting reste une pratique impolie et non professionnelle, et pourtant, il est pratiqué par 57 % des sondés pour cette même étude. Un autre chiffre qui porte à réflexion : 55 % déclarent avoir déjà « ghosté » un recruteur, car celui-ci ne répondait pas à certaines questions, comme le montant de la rémunération ou le rythme de télétravail. 

Cette donnée met l'accent sur l'importance pour les entreprises de se démarquer pour attirer l'attention des candidats en proposant des avantages en nature en complément d'un salaire compétitif. Soigner la communication et assurer la clarté de ces avantages est également essentiel pour ne pas perdre le candidat de vue.

Les recruteurs ne montrent pas toujours le bon exemple

Si la situation n'est pas idéale du côté des candidats, elle est similaire chez les responsables de recrutement. Le même pourcentage observé chez les candidats se retrouve chez les recruteurs : 57 % d'entre eux déclarent avoir déjà « ghosté » un candidat avec lequel ils avaient entamé des échanges dans le cadre d'un processus de recrutement. Encore plus surprenant, 47 % ont laissé le candidat sans réponse à plusieurs reprises.

Ce comportement impoli nuit à la réputation du recruteur, et par ailleurs, à celle de l'entreprise dans son ensemble, allant à l'encontre des recommandations sur comment bien recruter son personnel. « Il compromet non seulement la façon dont le recruteur est perçu, mais ternit également l'image et la marque employeur de l'entreprise, ce qui a des conséquences potentiellement néfastes », confirme Éric Gras, spécialiste du marché de l'emploi chez Indeed France ».

Les dangers de l’exposition sur les réseaux sociaux 

Un candidat mécontent et déçu pourra partager son avis négatif sur les réseaux sociaux, ce qui arrive assez fréquemment. Selon ce même sondage d’Indeed, 39 % des chercheurs d’emploi ont déjà partagé une mauvaise expérience de recrutement sur les réseaux sociaux. 

Ce phénomène, appelé « name & shame » en anglais, consiste à exposer la situation en partageant un post et en nommant l’entreprise (et parfois même le recruteur responsable). D'ailleurs, près d'un candidat sur deux, soit 45 %, déclare qu'il serait prêt à partager une mauvaise expérience d'entretien en ligne, sur les réseaux sociaux.

C'est pourquoi éviter le ghosting en recrutement devrait être l'une des principales préoccupations des entreprises souhaitant préserver leur marque employeur en plus d’une bonne expérience candidat, essentielles autant pour l'attraction que pour la rétention des talents. 

Le ghosting des candidats : quelles raisons ?

Lorsqu'on examine les raisons du ghosting du côté des candidats, plusieurs facteurs entrent en jeu. Parmi eux, l'embarras du choix ressort, quand un candidat est impliqué dans plusieurs processus de recrutement en même temps, particulièrement dans les métiers en tension.

Toutefois, d'autres éléments peuvent augmenter le risque de ghosting, tels que des processus de recrutement trop longs, qui peuvent amener les candidats à perdre patience ou même à trouver une opportunité d'emploi plus adéquate ailleurs. Un autre aspect à considérer concerne les attentes spécifiques des générations Y et Z, qui mettent en avant le bien-être au travail et la rémunération comme critères essentiels. 

Ce qui est clair, c'est que le ghosting est présent des deux côtés, et avec la même intensité selon notre sondage : candidats et recruteurs portent chacun leur part de responsabilité. D'un côté, le candidat risque de perdre le respect du recruteur et la chance de postuler pour d'autres opportunités. De l'autre, le recruteur et l'entreprise peuvent non seulement perdre la confiance du candidat, mais aussi celle de nombreuses autres personnes lorsque la société est exposée.