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26% des Français tiennent plus que tout à se sentir respectés au travail…

Les pénuries de main d’œuvre et donc les difficultés de recrutement qui en découlent ont inversé le rapport de force entre recruteurs et candidats.

La crise du COVID-19 a été également un catalyseur pour de nombreux salariés qui ont remis en question leur choix de carrière, leur façon de travailler… engendrant des vagues de Big Quit, Rage Quitting, Rage Applying, Silent Quitting, ou Ghosting…

Dans ce contexte, les entreprises comprennent la nécessité de répondre davantage aux attentes des salariés…Mais justement quelles sont ces attentes précisément ?

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Concernant les attentes des salariés en 2023, une étude a été réalisée par Lucid pour Indeed en début d'année, auprès de 2500 personnes pour la France. Une étude réalisée sous forme de questionnaires. À la question 'Que voulez-vous le plus gagner dans votre prochain travail par rapport à votre situation actuelle ?', qu'est-ce qu'ont répondu les personnes sondées ?

Et bien 48% des Français répondent l'argent, à la grande surprise de tout le monde, avec une nuance intéressante toutefois, c'est que 36% cherchent à gagner suffisamment pour couvrir leurs dépenses de vie, et 12% cherchent un niveau de revenu qui leur permet de se construire un futur, d'économiser.

Cependant, 18% cherchent en priorité un travail plus passionnant, et 14% souhaitent disposer de plus de temps libre dans leur prochaine mission.

Donc si la rémunération reste le moteur numéro 1 d'un changement d'emploi, les Français ne priorisent pas en réalité l'enrichissement ou le fait de mettre de l'argent de côté. Ce critère n'est cité qu'en quatrième position.

Le niveau d'intérêt d'une mission et la quantité de temps libre étant par exemple davantage plébiscité.

Et à quoi aspirent finalement priorité les Français dans leur travail ? et donc aussi dans leurs entreprises ?

Les Français veulent surtout être respectés au travail Ça ressort très nettement, 26% des Français tiennent plus que tout à se sentir respectés au travail. 18% préfèrent se sentir utiles, 16% apprécient plutôt d'être valorisés, et 15% veulent être fiers de leur travail.

La flexibilité et la considération sont vraiment les premiers axes d'amélioration des conditions de travail.

Le sondage demande aussi aux répondants de choisir plusieurs facteurs qui leur permettraient de se sentir mieux dans leur travail actuel, et les deux premières réponses des Français à égalité, 37%, pour chacune d'entre elles. C'est 1) la flexibilité, aussi bien horaire que géographique, et 2) davantage de considération de la part de leurs collègues ou de leur hiérarchie.

Et quels peuvent être les axes d'amélioration des conditions de travail selon les personnes interrogées ? Sur quoi devraient travailler en priorité les entreprises pour améliorer ces conditions ?

Selon ce panel français, au sein de cette étude, les entreprises devraient en priorité travailler à offrir de meilleures opportunités à leurs employés. Ça ressort très nettement à 39%, et à accroître leur niveau de bien-être à 38%. Des axes de progrès que les recruteurs ont bien identifiés, puisqu'ils étaient 62% à citer la possibilité de développement, et de formation des employés, et 57% à mentionner la culture d'entreprise comme les aspects qui comptent le plus pour les talents aujourd'hui.

Alors cette étude concernant les attentes des salariés en 2023, il faut savoir qu'elle a été conjointement menée aux États-Unis, au Canada, en Australie, au Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Italie et Inde pour être tout à fait complets. Est-ce que les aspirations des salariés français sont différentes des autres pays ?

Dans la plupart des réponses les aspirations des salariés étaient semblables d'un pays à l'autre. En revanche, le besoin de se sentir respecté au travail était nettement plus mentionné en France, où plus d'un quart des répondants recherchaient ça en priorité. Alors qu'au Pays-Bas par exemple, c'était le cas pour seulement 14% du panel.

La France, c'est aussi le pays où les salariés souhaitent le plus se sentir utile avant tout et fiers de ce qu'ils font.

En revanche, 16% des Français votent en premier le besoin d'être valorisé, mis en lumière, alors que par exemple 39% des néerlandais et 35% des britanniques en font leur priorité.

Alors cette enquête a également interrogé les salariés sur leur perception de la situation économique de leur pays. Qu'est-ce qu'il en ressort ?

Seulement 26% des Français interrogés se disent optimistes quant à la situation économique de leur pays. C'est le taux le plus bas de ce panel international, identique à celui de l'Italie, et nettement en dessous de la moyenne des 9 pays qui se situent à peu près à 35%. Cette incertitude vis-à-vis de leurs ressources se fait ressentir puisque les répondants cherchent surtout à gagner assez pour pouvoir rentrer dans leur frais.

'Conscious quieting' comme t'as dit tout à l'heure, 'bit quit', 'rash quitting', revendication de la semaine de 4 jours, médiatisation des démissions sur les réseaux sociaux. Tous ces phénomènes partis des États-Unis sont également en train d'arriver où sont déjà arrivés en France, ce qui a poussé Indeed à s'intéresser au nouveau rapport des salariés au travail et à l'entreprise.

Pour Indeed avec OpinionWay, on avait réalisé en avril une enquête auprès de plus de 1000 salariés des secteurs publics et privés, âgés de 18 ans et plus, dont 335 salariés de 18-30 ans. Donc ça monte un panel assez large et on voit qu'en effet, la France n'est pas très optimiste sur la situation économique alors que dans la réalité, on est plutôt moins à plaindre que d'autres pays.

Alors concernant maintenant les rapports de force entre salariés et employeurs, si on parle de situations subies au travail, quelles sont celles finalement qui vont être mises en avant par les personnes sondées ?

De nombreuses situations désagréables jalonnent les semaines de travail des salariés, parfois plus souvent que ce qu'on pourrait imaginer.

Plus de deux tiers des salariés, 70%, doivent absorber une partie ou toute la charge de travail d'autres collègues et 22% déclarent que cela arrive régulièrement.

On a 57% des salariés qui se sentent livrés à eux-mêmes, peu ou mal managés.

Et troisième point à 42% ressentent un manque de confiance de leurs managers.

On a 29% également des salariés qui disposent parfois de moins de 30 minutes pour déjeuner et 1 salarié sur 4 fait face à cette situation régulièrement.

Est-ce qu'il y a des différences -j'imagine que oui- entre les 18-30 ans et les salariés plus âgés?

Speaker 2: Oui absolument alors, les situations suivantes sont rencontrées particulièrement souvent par les moins de 30 ans. Par exemple, 45 % de ceux-ci font des heures supplémentaires non payées contre 38% de l'ensemble du panel.

35 % des jeunes salariés collaborent avec un ou plusieurs collègues qui ne retiennent pas leur prénom, contre 30% en moyenne, assez désagréable.

Les différences les plus notoires entre les tranches d'âge, concernent la possibilité de télétravailler et dans le fait de se faire déloger de son bureau ou d'une salle de réunion. Par exemple, 31% des jeunes se voient refuser le télétravail alors que leur poste le permettrait, contre seulement 22% pour l'ensemble du panel. Et 29% des jeunes se font déloger d'un emplacement, d'un bureau, alors qu'ils travaillent contre 19% pour l'ensemble du panel.

Quelles sont les situations subies qui déclenchent le plus d'envie de démissionner de son entreprise ?

Il y en a trois. La première, c'est un manager qui ne fait pas confiance ou sous-estime : 57% du panel, 64% chez les 18-30 ans.

Les heures supplémentaires non payées, c 'est 56% pour l'ensemble du panel, 58% pour les 18-30 ans, sensiblement la même chose.

Et le refus de télétravail alors que le poste le permet, c'est aussi une motivation pour démissionner pour 54% du panel et 57% des 18-30 ans.

Et si on parle maintenant de démissions concrètes, c'est-à-dire vraiment les personnes qui ont entamé les démarches. Est-ce que les situations subies pour le coup étaient les mêmes ?

Les premiers déclencheurs de démissions concrètes sont le refus de télétravail en premier. Il fallait encore confirmer que les entreprises qui appliquent le présentéisme chère à la culture professionnelle française passent à côté d'énormément de talents. C'est une façon d'enfoncer le clou une fois de plus.

Le deuxième point c'est le fait de se faire déloger de son bureau d'une salle de réunion, donc quick du flex office qui abolit le bureau personnel et un nombre croissant d'entreprises qui l'adoptent.

La troisième chose, c'est le manque de confiance du manager, un phénomène parfois accentué par le travail à distance.

Et le dernier point, c'est les heures supplémentaires non payées, non reconnues, ce qui rappelle la démission silencieuse où les salariés restent en poste mais refusent de dépasser les horaires de travail et les tâches prévues dans leur contrat de travail.

Et pour ce qui concerne les 18-30 ans le classement des situations suscitant le plus de démissions concrètes, - il est différent ? -

Oui. Chez les plus jeunes, les situations qui suscitent le plus de démissions concrètes se classent dans un ordre un peu différent.

En premier, on a les heures supplémentaires non payées.

En deuxième, on a de se déloger de son bureau d'une salle de réunion.

En troisième, on a le refus de télétravail.

Et en quatrième, le manque de confiance du manager.

Et de manière générale, des deux échantillons, est-ce qu'il y en a un pour lequel l'envie de démissionner est plus importante ? Et comment est-ce qu'on l'explique d'ailleurs chez Indeed ?

Ce qui est intéressant effectivement, c'est que tous les pourcentages indiquant l'envie de démissionner sont plus élevés chez les 18-30 ans que dans l'ensemble du panel à situation égale.

Le phénomène de la moindre tolérance aux situations perçues comme irrespectueuses chez les générations arrivées le plus récemment sur le marché du travail existe donc bien.

La crainte de quitter son poste aie des conséquences, ou l'envie de faire carrière en restant un certain temps en poste l'emporte moins chez les jeunes que la frustration ou la colère, ou encore l'envie de ne pas se laisser marcher sur les pieds.

Merci beaucoup Eric.

Merci Jean-Baptiste, merci à tous.